Action des syndicats de cheminots à Bâle et Chiasso à l'occasion de l'ouverture du tunnel de base du Gothard

«Salaires suisses sur les rails suisses – avant tout au Gothard»

Par un blocage symbolique des voies dans les gares de triage de Bâle-Muttenz et de Chiasso, les syndicats de cheminots ont mis l'accent sur leurs revendications dans le cadre de l'ouverture du tunnel de base du Gothard. Les syndicats des chemins de fer européen, allemand, italien et suisse SEV demandent tous ensemble que soit appliqué le principe du versement au personnel étranger du salaire usuel dans le pays où le travail est effectué.

«Grâce au tunnel de base du Gothard, la Suisse rétrécit» annonce Giorgio Tuti, président du Syndicat du personnel des transports SEV, devant les médias à Bâle. Ce qui est positif du point de vue de la politique des transports a des répercussions au niveau du personnel. Lorsque le tunnel du Ceneri sera également ouvert, un mécanicien de locomotives pourra traverser la Suisse sans faire de pause, ceci sans contrevenir aux prescriptions sur la durée du travail.

Giorgio Tuti le dit clairement: «Dans le trafic intérieur, nous avons une bonne protection du personnel roulant grâce aux conventions collectives de travail, et le jugement du cas Crossrail nous assure aussi cette protection pour le trafic transfrontalier. Il s'agit maintenant d'ancrer dans le trafic de transit le principe du ‹salaire suisse sur rail suisse›.»

La Suisse peut compter sur le soutien de l'Allemagne et de l'Italie. Sara Tripodi du syndicat CGIL/Filt et Pancrazio Raimondo de syndicat UIL ont pris la parole à Chiasso pour les collègues italiens. A Bâle, le président du syndicat allemand des chemins de fer et des transports EVG, Alexander Kirchner, a déclaré: «Nous demandons que pour la durée d'un engagement transfrontalier, le salaire du pays où la prestation de travail est effectuée soit versé, pour autant que ce salaire ne soit pas plus bas que celui du pays d'origine.» Dans aucun pays, on ne peut tolérer des salaires de différents niveaux pour «avantager un site» aux dépens des travailleurs. Les syndicats se sont battus de toutes leurs forces contre cela. «Nous considérons que la principale valeur sociale est la solidarité et qu'il ne faut pas monter les employés les uns contre les autres» ajoute Alexander Kirchner.

On perçoit aussi des craintes dans la centrale syndicale européenne à Bruxelles. Le luxembourgeois Guy Greivelding, président de la section rail de la Fédération européenne des travailleurs des transports ETF, précise: «Il n'est pas possible d'organiser le trafic transfrontalier sur une base de dumping salarial. L'ETF exige que les salaires appliqués dans le lieu où sont réalisées les prestations soient versés sans exception.» Guy Greivelding mentionne en outre l'initiative «Fair Transport Europe» pour laquelle des signatures sont récoltées actuellement dans l'UE. Cette initiative demande des conditions de travail sociales et des salaires équitables dans tous les transports européens. Le luxembourgeois annonce en outre la relance du dialogue social européen auquel la Suisse participe également via l'ETF et la Communauté européenne du rail CER.

Ce jour, les syndicalistes ont symboliquement bloqué le trafic marchandises dans les gares de triage de Muttenz près de Bâle et de Chiasso afin de mettre l'accent sur leurs revendications. Les activistes syndicaux se sont mis devant une loc prête à partir avec une banderole qui affiche leur demande: «Salaires suisses sur les rails suisses – avant tout au Gothard».