Sécurité dans le trafic ferroviaire

Dans le cadre de divers organes, la LPV échange régulièrement sur des questions de sécurité avec la division Infrastructure et la division Voyageurs des CFF, ainsi qu'avec CFF Cargo.

Les problèmes que nous amenons dans ces discussions sont traités par des spécialistes en charge des dossiers qui nous expliquent la logique qui se cache là-derrière et les urgences sur le plan technique ou de l'exploitation. De telles explications ne sont pas toujours compréhensibles pour le simple utilisateur qui doit cependant les appliquer dans la pratique.

Nous apprécions de pouvoir faire ces échanges mais cela exige d'avoir un point de vue de spécialiste sur les problèmes. Il nous est plus facile de comprendre ces explications en nous basant sur un cas concret mais dans l'exercice de notre profession, un problème ne surgit jamais de manière isolée. Au contraire: diverses situations sont généralement cumulées et elles demandent tout de suite une interprétation correcte et/ou une réaction sûre.

La LPV a présenté aux CFF des solutions et des revendications sur les problèmes suivants:

  • Annonce ZUB en cas de balises en amont afin d'empêcher le départ
  • Annonce ZUB pour l'entrée dans les gares en impasse
  • Les signaux répétiteurs pour sortir des gares de rebroussement ne peuvent pas montrer "voie libre" car lorsqu'on les passe, il s'affiche une annonce ZUB "0".
  • Présence de signal par principe pendant les chantiers et sur les tronçons à vitesse réduite
  • Mauvaise interprétation à cause de similitudes; par exemple signal de manoeuvre ETCS
  • Représentation de gares complexes dans les tableaux des parcours; gares parenthèses

Etant donné que de telles situations arrivent de plus en plus fréquemment, nous craignons que le personnel des locs ne soit amené à négliger les situations extraordinaires, à les traiter avec plus de légèreté ou avec indifférence, ce qui pourrait mener à des situations dangereuses.

En cas de retard ou de perturbation, nous devons prendre les appels téléphoniques des CCT et des autres personnes.

Si des annonces ADL surgissent souvent de manière parfois peu ou pas compréhensible ou souvent différente, le personnel des locs est aussi amené à être distrait. Un air conditionné en panne et les nuisances sonores à cause des fenêtres ouvertes et des parois antibruit contribuent à déssécuriser la conduite du train.

C'est pourquoi la LPV a besoin de prescriptions et de situations claires.

Les notions de marge d'erreur, de probabilité d'erreur, de potentiel d'erreur et de prévention des erreurs ne doivent pas faire partie du vocabulaire de l'exploitation ferroviaire quotidienne mais plutôt de notre vie quotidienne à tous de manière généralisée. Mais de tels mots prennent une dimension très spéciale dans le domaine du rail car ces erreurs peuvent mener à des situations qui portent atteinte à la sécurité ou même engendrer des accidents.

On pourrait réduire la problématique en la reléguant au dernier acteur de la chaîne. Mais cette manière de pratiquer ne va pas faire disparaître l'erreur ni ses conséquences. Avec une culture basée sur une marge d'erreur, celles-ci ne sont pas sanctionnées pour autant qu'il n'y a pas eu négligence ou atteinte au devoir de diligence. Mais si une personne met en danger la circulation des trains à cause de ses erreurs ou qu'il y a des dommages sur des personnes ou des véhicules,
elle doit assumer ses actes ainsi que les conséquences. Nous partons du principe que tous les mécaniciens de locomotives circulent toujours consciencieusement et soigneusement et qu'ils sont conscients de la portée d'une éventuelle erreur de manipulation ou d'une fausse interprétation des signaux.

Nous saluons la nouvelle procédure introduite après les incidents relatifs à la sécurité qui se sont passés aux CFF. Cette procédure se base sur le Fairness-Guide-Line et s'éloigne des solutions punitives.

Ce qui est aussi décisif ici, ce sont les compétences professionnelles et sociales des dirigeants qui sont impliqués dans l'application de ces directives. La LPV pense qu'il y a là encore un bon potentiel d'amélioration.

Nous attendons des fournisseurs d'infrastructure et des entreprises de transport qu'ils prennent conscience du manque de clarté des informations, signalisations et représentations et des doutes liés à l'interprétation que subit le personnel des locomotives, et qu'ils s'engagent à éliminer ces lacunes afin d'augmenter la sécurité dans le domaine du rail et à soutenir le personnel des locs pour lui permettre de conduire les trains de manière sûre.

Le personnel des locs se trouve sur un plan technique toujours en fin de chaîne et c'est donc sur lui que retombent toutes les conséquences des erreurs commises à cause de lacunes, et il doit les assumer.

Les CFF ont demandé une expertise de psychologie du travail et nous attendons les résultats avec intérêt. A ce propos, la LPV a exigé qu'une expertise de psychologie du travail soit réalisée non seulement pour des problèmes isolés mais pour tous les problèmes existants qui peuvent avoir des conséquences.

Nous allons continuer à faire des échanges critiques avec les CFF et ne manquerons pas de vous informer.