Le SEV rejette cette opération à la hussarde

CFF Cargo veut cette année déjà «examiner» 140 nouveaux points de desserte du trafic par wagons complets (WLV) – en plus des 35 sites de l'Oberland bernois et de l’Arc jurassien examinés en 2018 et dont certains ne disposent, depuis décembre, plus que d'un service irrégulier ou ont été fermés. En mars 2018, Cargo avait mentionné 170 points de desserte jusqu'en 2023. «La direction de CFF Cargo ne respecte pas ses déclarations à l'attention des partenaires sociaux et augmente la pression sur la clientèle et le personnel, sans que cela soit nécessaire» déclare Philipp Hadorn, responsable du dossier Cargo au Syndicat du personnel des transports SEV.

Durant les prochains mois, 140 points de desserte seront examinés dans toute la Suisse, selon le «Cargoflash» du 19 février adressé par CFF Cargo à son personnel. Les changements seront appliqués pour la clientèle au changement d'horaire 2019/2020.

Jeu de pouvoir arrogant et inutile

«Si les étapes d'un examen qui devaient se dérouler jusqu'en 2023 ont toutes lieu en 2019 déjà, ceci va à l’encontre des informations données par CFF Cargo en mars 2018 qui se voulaient un peu plus rassurantes», s’énerve le secrétaire syndical Philipp Hadorn. «Apparemment, le Conseil d'administration actuel de CFF Cargo désire établir des faits pratiquement irrévocables avant l'élaboration d'une nouvelle stratégie. Ceci malgré le poste vacant à la direction de la production Cargo et sans tenir compte du savoir-faire des nouveaux actionnaires minoritaires à venir, ni du renouvellement de la présidence du Conseil d'administration.»

Pour le SEV, il est bien clair que toute opération à la hussarde ne fait que péricliter la sécurité et la stabilité, pour la clientèle comme pour le personnel. «Grâce à la progression de la situation économique de CFF Cargo en 2018, ce genre de jeu n'est vraiment pas nécessaire», poursuit Philipp Hadorn.

Réduction peu perspicace

«Il vaudrait mieux engager une discussion stratégique et politique sur la poursuite malheureuse de cette stratégie de démantèlement qui, ces dernières années, n'a jamais amené beaucoup de succès mais une régression», explique Philipp Hadorn qui se trouve être également membre de la Commission des transports du Conseil national. «Une réduction de la capacité n'est pas une bonne chose parce que, d'ici 2040, on prévoit en Suisse une recrudescence de 45% du trafic marchandises. Les moyens liés à l'ère numérique vont en outre rendre le WLV à nouveau plus compétitif». Et dans la pratique, le trafic par wagons complets isolés ne peut pas être vraiment différencié du «système WLV» comme le prétend CFF Cargo – d'autant plus que les petits points de desserte contribuent aussi à la rentabilité de l'ensemble du système WLV.